SyLitMéd



Programme du laboratoire , depuis 2023

Programme porté par : André ConstantAnne Cloarec-Quillon
Avec la participation de :


SyLitMéd : Systèmes littoraux médiévaux en Méditerranée nord-Occidentale du VIIIe siècle au XIIe siècle

Coordination : André Constant et Anne Cloarec-Quillon

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Présentation

Vue de la plaine littorale du Roussillon depuis les hauteurs de la vallée de la Massane (massif des Albères/Albera, Pyrénées-Orientales 66) (cliché : André Constant)

Le programme de recherche « SyLitMéd » (2023-2028) s’inscrit dès le premier semestre 2023 dans la nouvelle programmation quinquennale du LA3M (UMR 7298), qui doit s’orienter pour 5 ans vers l’analyse pluridisciplinaire des « espaces méditerranéens » perçus selon une approche interdisciplinaire et systémique. Dans ce cadre, le programme à l’ambition de renouveler en profondeur notre perception des systèmes d’occupation du littoral s’étendant du sud-ouest au nord-est de la Catalogne jusqu’à la Ligurie et la Corse durant la phase de l’optimum climatique médiéval (VIIIe-XIIe siècles). S’inscrivant dans le courant historiographique majeur impulsé en France par les grandes thèses d’Etat des années 1970 relatives à la « mutation féodale »1, ce programme approfondira le thème de la construction de l’espace côtier et des modalités de son appropriation dans le contexte d’émergence des « féodalités » méridionales (Débax 2003, Mazel 2008) et de territorialisation des pouvoirs locaux. L’approche globale ou systémique du littoral, ou plutôt de la mosaïque littorale, fera nécessairement appel à des compétences et des approches très diverses, aussi bien historiques qu’archéologiques et paléo-environnementales, pour en cerner au mieux toute la complexité au cours des 5 siècles abordés.

1 : Pierre Bonnassie (Catalogne), Monique Bourrin-Derruau (Bitterois), Georges Duby (Maconnais), Robert Fossier (Picardie), Christian Lauranson-Rosaz (Auvergne), Jean-Pierre Poly (Provence), Michel Rouche (Aquitaine), Pierre Toubert (Latium)

Constat et objectifs scientifiques du programme SyLitMéd

L’intérêt scientifique pour le peuplement et l’aménagement des zones côtières au Moyen Âge a bénéficié de quelques parutions d’ouvrages mais, il est à constater, très ponctuelles pour ne pas dire très rares. En 2001, la parution de l’ouvrage Castrum 7 « Zones côtières littorales dans le monde méditerranéen au Moyen Âge : défense, peuplement, mise en valeur » a constitué un jalon majeur pour l’étude des systèmes d’occupation côtiers médiévaux. L’historien Pierre Bonnassie y dépeint notamment, à l’appui de sources historiques et archéologiques, un littoral pré-catalan déserté aux VIIIe-IXe siècles depuis Tarragone jusqu’à Narbonne, avant son repeuplement progressif à partir de la seconde moitié du Xe s. (Bonnassie 2001). Il découle de cette question également celle de la formation d’une frontière littorale dans l’horizon du VIIIe-IXe siècle, et qui serait devenue une « zone frontière », c’est-à-dire un espace de reconquête et d’enjeux socio-économiques majeurs (Toubert 1988). Ce tableau d’un « paysage côtier » abandonné dans le courant du VIIIe siècle, puis réinvesti assez tardivement autour de l’an Mil, constituera le point de départ de notre réflexion et de notre programme. Il s’agit en effet d’une question très peu abordée jusqu’à ce jour. La communauté des chercheurs médiévistes spécialistes du peuplement a sans doute trop « tourné le dos à la mer » pour ne plus se consacrer qu’aux espaces de l’arrière-pays plus propices au perchement de l’habitat à partir de l’Antiquité tardive, thème largement défriché ces dernières années (Hernandez, Schneider, Soulat 2020), tout comme l’a été d’ailleurs le littoral durant l’Antiquité (Pasqualini, Arnaud, Varaldo 2003).

La déclinaison en trois actions de recherche présentées ci-dessous devrait permettre de répondre à la question d’un hiatus d’occupation côtière, des rythmes et modalités de réappropriation des zones littorales entre les VIIIe et XIIe s. de notre ère. Faisant appel à des champs de compétences divers et des approches forcément transdisciplinaires, le programme consistera à rassembler l’ensemble des connaissances acquises éclairant les espaces aussi bien littoraux (« frontière » maritime) qu’intérieurs (« Hinterland »), en variant les échelles spatiales. A l’heure où notre UMR bâtit la future programmation quinquennale et avant son plein démarrage, le programme SyLitMéd (VIIIe-XIIe s.) bénéficie de premières adhésions de collègues dont l’engagement devraient être concrétisés dans un véritable programme d’ambition nationale ou internationale.

Espace géographique concerné et démarche envisagée

L’espace côtier tel que nous le définirons ne se limite pas évidemment au trait de côte. Les enquêtes d’archéologie spatiale et les textes démontrent, à tout le moins en Catalogne nord-orientale et ceci devra ailleurs être confronté et vérifié, l’existence aux VIIIe-1ère moitié du Xe s. d’un espace de confins dont l’ampleur (entre 4 et 7 km de large) a de quoi surprendre (Constant 2021). C’est précisément cet espace, large et baigné par les eaux de la Méditerranée qui s’apparenterait à une « zone frontière » (VIIIe-IXe s.) en voie de réinvestissement dans le courant du Xe siècle.

Les ateliers thématiques / fenêtres d’investigation

Atelier 1- Mouvances côtières aux Ve-XIIe siècles

L’objectif de cet atelier serait de reconstituer au mieux l’espace côtier contemporain de la période concernée (VIIIe-XIIe s.). Les avancées ou bien les reculs du trait de côte, la formation ou bien la disparition des lagunes sur le temps long constituent des aspects très importants pour le programme : les mouvances de la géographie du delta de Camargue depuis l’Antiquité romaine (Landuré, Vella, Charlet, 2004), de même que l’envasement des étangs (Durand, Leveau 2004), leur assèchement tardif (Abbé 2006), le comblement des lits fluviaux deltaïques durant le Petit Âge glaciaire et la disparition de voies d’eau (David, Carroza 2013), l’évolution du milieu végétal (Durand 2003), ne doivent pas faire oublier que le paysage des plaines côtières a été fortement modifié sur la longue durée : il n’est plus, pour les VIIIe XIIe s., que le pâle reflet de celui qui a pu exister, disparu car enfoui et urbanisé en grande partie. L’atelier aura pour objectif de rassembler les spécialistes de ces questions. En guise de « tableau » au programme et afin d’appréhender au mieux la géographie ou le « paysage » des espaces littoraux aux VIIIe-XIIe s., nous mettrons tout en oeuvre pour réunir les spécialistes du paléo-environnement. Cette action est naturellement connectée aux deux suivantes.

Atelier 2- Appropriations littorales : un espace convoité

Ce volet du programme fera appel à une double approche textuelle et archéologique ayant pour objectif la reconstitution de la carte du peuplement côtier et de la géographie des pouvoirs (appropriation de l’espace et sites élitaires dans la période considérée), en s’appuyant sur une base SIG collective. La question des habitats temporaires côtiers, celles des ports ou embarcadères éphémères, importante, sera bien plus difficile à appréhender du fait de la fugacité des aménagements / occupations. Nous ferons appel aux collègues historiens et/ou archéologues souhaitant développer leurs travaux ou mettre à disposition leurs résultats, que ce soit en matière d’archives textuelles (vocabulaire de la mer, de son utilisation/perception, statut fiscal des côtes aux VIIIe-XIe s., pouvoirs, protagonistes…) et/ou de chantiers d’archéologie préventive ou programmée. Des collègues membres de notre UMR mais aussi extérieurs ont déjà manifesté leur volonté de rejoindre le programme avec leurs opérations archéologiques programmée ou préventives en cours ou passées. La carte de situation des fenêtres d’enquête sélectionnées est provisoire et sera étoffée au fur et à mesure de l’avancée des travaux. L’analyse systémique et croisée (texte et archéologie) des marges/marches littorales en cours de (re)peuplement au cours des VIIIe-XIIe s. sera fortement privilégiée dans une perspective comparative des dynamiques d’occupation et des facteurs intrinsèques animant, durant ces siècles, l’espace littoral (fronts pionniers/zone frontière ?).

Atelier 3- Echanges et littoraux nourriciers

Cette troisième brique complémentaire des deux précédentes aura pour objectif principal de mettre en exergue les flux de ressources et de produits manufacturés s’opérant entre la bande littorale et l’Hinterland. Il s’agit notamment des restes céramiques qui témoignent des échanges et de la circulation des productions régionales, notamment catalanes, voire plus lointaines, et nous renseignent sur l’économie de la production des ateliers de potiers locaux. Sera questionnée également la gestion des ressources fauniques terrestre et aquatique provenant de l’espace côtier et/ou de l’Hinterland, en termes de lieux d’acquisition, de transformation et de consommation.

Les événements

La première journée d’études SyLiMéd1 s’est tenue le 21 avril 2023 (voir dans l’agenda). Plusieurs membres du LA3M ont dressé un premier bilan historiographique, des recherches en cours et des questions soulevées sur les dynamiques littorales au VIIIe-XIIe siècle.

La deuxième journée d’études SyLitMéd2 s’est tenue le 20 octobre 2023 (voir l’appel et le programme), est ouverte aux collègues extérieurs souhaitant rejoindre ce programme. Elle a pour objet une présentation de bilans relatifs aux dynamiques d’occupation des espaces littoraux abordées par différents biais (archives du sol et textes, données paléoenvironnementales).

La troisième journée d’études SyLitMéd3 est prévue le 17 mai 2024 (voir l’appel et le programme à venir dans l’agenda). Elle a pour thème les échanges et littoraux nourriciers aux VIIIe-XIIe siècles.

La quatrième journée d’études SyLitMéd4 est prévue le 18 octobre 2024 (voir dans l’agenda). Elle a pour thème : Statuts et appropriations littorales aux VIIIe-XIIe siècles.