Hesperid

Programme du laboratoire , 2024 → 2028

Programme porté par : Daniel Istria
Avec la participation de : Christine Gadrat-Ouerfelli


Dès la création de notre laboratoire, des recherches ont été entreprises dans les îles de Méditerranée, à Chypre, en Corse et plus ponctuellement en Sardaigne, en Sicile ainsi que dans les petites îles du littoral provençal. Ces initiatives sont toutefois restées marginales dans la programmation scientifique, à l’exception du GDRE « Le monde insulaire en Méditerranée », fruit d’une ambitieuse collaboration internationale, mais dont l’existence fut brève et les résultats très limités.  

Les années 2018-2023 ont été marquées par un fort regain d’intérêt pour ces territoires avec des travaux de doctorants et l’ouverture de nouveaux chantiers archéologiques faisant naître la nécessité de mettre en place un programme fédérateur. Celui-ci prend la forme d’un groupement de chercheurs, d’enseignants chercheurs et d’étudiants, rattachés au LA3M mais aussi à des structures partenaires, travaillant sur une problématique commune. Il est avant tout pensé comme un espace d’échanges et de partage reposant sur un dialogue interdisciplinaire destiné à stimuler la production de connaissance.  

Au début des années 2000, les géographes se sont emparés du concept d’habiter, hérité de la phénoménologie ontologique, et l’ont développé dans l’objectif d’analyser les grands changements sociétaux du XXe siècle. L’habiter est alors entendu comme le rapport complexe des Hommes à l’espace dans lequel ils vivent, comme un ensemble de représentations, d’usages, de comportements liés à un lieu (Lazzarotti 2013 et 2014).

En raison d’un fort cloisonnement disciplinaire au sein même des sciences humaines et sociales, cette notion est restée étrangère aux historiens et aux archéologues travaillant sur les périodes anciennes. Elle est pourtant susceptible d’enrichir significativement nos approches traditionnelles en ouvrant de nouvelles perspectives grâce à la prise en compte des pratiques des lieux et des modes d’habiter (Stock 2004).

L’enjeu du programme Hesperid est d’apporter une profondeur historique à cette notion d’habiter en étudiant, à l’aune de celle-ci, les espaces insulaires de Méditerranée au Moyen Âge et durant l’époque moderne. Ces derniers constituent un champ d’expérimentation particulièrement approprié en raison de leurs caractéristiques et de leur contexte dont les effets sont amplifiés par la finitude du lieu et la présence d’un espace liminal ambivalent qui isole, tient les îles à distance des autres territoires et en même temps les relient à eux. Il s’agit donc de comprendre, à travers une étude des représentations, des systèmes de peuplement, des connectivités, de la culture matérielle et des gestes du quotidien, mais aussi des populations elles-mêmes, comment les insulaires ont habité ces lieux singuliers et pourquoi ces manières d’habiter ont évolué pour, parfois, être complètement transformées. La réflexion est alimentée par les données archéologiques, mais aussi par les sources archivistiques ainsi que les récits de voyages, les textes géographiques et les insulaires ou recueils d’îles.

Lazzarotti 2013 : O. Lazzarotti, Notion à la une : habiter, GeoConfluences [En ligne] 2013 :  https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/a-la-une/notion-a-la-une/habiter

Lazzarotti 2014 : O. Lazzarotti, Habiter le Monde, Documentation photographique, n°8100, 2014.

Stock 2004 : M. Stock, L’habiter comme pratique des lieux géographiques, EspacesTemps.net [En ligne] 2004 : https://www.espacestemps.net/articles/habiter-comme-pratique-des-lieux-geographiques/