Marie-Pierre Bonetti figure parmi les lauréats du Prix de thèse de la ville de Marseille, pour sa thèse de doctorat préparée à l’Ecole Doctorale « Espaces Cultes Sociétés » – ED 355 et au LA3M, intitulée :
Saint-Victor de Marseille : archéologie du chantier d’une abbatiale méridionale (milieu XIIe-milieu XIVe siècle)
Soutenue à Aix Marseille Université le 14 décembre 2021
Jury :
Andréas HARTMANN-VIRNICH, LA3M, UMR 7298, Directeur de thèse
Nicolas FAUCHERRE, LA3M, UMR 7298, co-Directeur de thèse
Michel FIXOT, LA3M, UMR 7298, Examinateur
Quitterie CAZES, FRAMESPA, UMR 5136, Rapporteure
Yves GALLET, AUSOMIUS, UMR 5607, Rapporteur
Pascale CHEVALIER, ARTEHIS, UMR 6298, Examinateur
Résumé :
Dans le prolongement des fouilles conduites depuis les années 1970 par le Laboratoire d’Archéologie Médiévale en Méditerranée (aujourd’hui LA3M), cette recherche doctorale porte sur l’abbatiale Saint-Victor de Marseille, seul vestige du puissant monastère bénédictin, réputé de fondation cassianite, détruit à l’époque révolutionnaire. À la tête d’un vaste réseau de dépendances en Provence et dans le Midi méditerranéen, l’église victorine n’avait pas encore été spécifiquement étudiée. Elle est l’objet de cette thèse, élaborée à partir d’une enquête sur les sources textuelles et iconographiques associée à un long travail de terrain générant, de fait, une documentation conséquente qui manquait jusque-là. Les éléments collectés sur l’histoire monumentale du monastère, et plus particulièrement de l’abbatiale, ont été regroupés dans une base de données numérique. En parallèle, une importante campagne de relevés tachéométriques et photogrammétriques a réuni, de façon exhaustive, les données utiles pour déchiffrer l’enchaînement des différentes séquences de construction de l’église. Le texte de synthèse, complété par deux volumes d’illustrations et de documentation technique, présente un bilan des connaissances historiographiques et archivistiques. Il s’attache à la fortune critique de Saint-Victor, tout en posant les jalons d’une chronologie absolue à partir de sources, parfois inédites, pour la période allant du Moyen Âge central jusqu’aux restaurations les plus récentes. Le texte comporte ensuite une étude architecturale de l’édifice actuel, qui retrace la phase de création des cryptes au début du XIIIe siècle, et s’intéresse aussi à la tour nord, autrefois attribuée à l’abbé Isarn, en raison de ses rapports structurels avec l’église abbatiale. Cette dernière est analysée, pour la première fois, à travers un examen détaillé de son architecture sur la période qui s’étend entre les travaux du sacriste Hugues de Glazinis et ceux de la commande pontificale du bienheureux Urbain V. La recherche propose une chronologie relative de l’abbatiale et met en lumière la prégnance du bâti préexistant qui s’impose aux maîtres d’œuvre, sans doute contraints à un certain pragmatisme architectural. Tout au long du chantier, les repentirs et les multiples modifications aboutissent à un enchevêtrement complexe des campagnes qui participe à la timide mise en œuvre du style et des techniques de construction gothiques, fréquente dans plusieurs églises méridionales du XIIIe siècle. Ce travail offre, pour les futures études, de nouveaux indices qui contribueront notamment à la restitution des bâtiments monastiques à la fin du XIVe siècle, comme aux investigations sur les influences architecturales de Saint-Victor.