Le pont d’Avignon : archéologie, histoire, géomorphologie, environnement, restitutions 3D

ANR , 2011 → 2013

Programme porté par : Andreas Hartmann-Virnich
Avec la participation de : Heike HansenYves Esquieu Yhann DELPEY

MAP – Modèles et Simulations pour l’Architecture et le Patrimoine CIHAM – Centre Interuniversitaire d’histoire et d’archéologie médiévales

Inauguré en janvier 2011, le projet ANR rassemble quatre laboratoires autour du sujet de la restitution virtuelle du pont d’Avignon à différents stades de son existence. La collaboration réunit le MAP (équipe GAMSAU – Groupe de recherche pour l’application des méthodes scientifiques à l’architecture et à l’urbanisme) FRE 3315, pilote du projet et responsable de la réalisation du relevé et des maquettes virtuelles, le LA3M en charge de la recherche archéologique sur la structure matérielle du pont à partir de l’étude monumentale et de la recherche et exploitation des sources iconographiques, le CEREGE (Centre Européen de Recherche et d’Enseignement des Géosciences de l’Environnement) UMR 6635 investi dans la recherche et prospection géophysique sur l’évolution du lit du Rhône et de ses dynamiques fluviatiles, et le CIHAM (Centre Interuniversitaire d’histoire et d’archéologie médiévales) qui oriente ses recherches sur l’histoire de l’environnement urbanistique du pont, et sur le classement des archives rassemblées en collaboration avec les différents partenaires.

La mise en œuvre du projet accuse toute la difficulté de donner un visage concret aux états médiévaux du pont. L’étude archéologique, archivistique et iconographique a pour vocation de préciser la chronologie de l’édifice et de ses nombreuses réparations, restaurations et réfections, en vue de la restitution numérique de l’ouvrage qui ne conserve aujourd’hui que quatre des vingt-deux arches qui le composaient dans son dernier état avant l’abandon définitif des réparations et reconstructions après 1670. Si le rapport de ses plus anciennes structures conservées avec la date de 1177, rapportée par le récit légendaire de la fondation par le pâtre Bénézet, reste incertain, la chapelle romane construite sur la seconde pile appartient effectivement au style roman de la fin du XIIe siècle. Dans son premier état, le sol du petit édifice, composé d’une abside et d’une seule travée de nef unique, était en contrebas de celui de la chapelle inférieure actuelle, un indice qui suppose l’existence d’un premier tablier charpenté au même niveau, conformément aux sources historiques. Dès avant l’achèvement de la chapelle le projet semble toutefois avoir évolué, et la construction d’une voûte pour diviser la chapelle en deux niveaux, accompagnée du prolongement de la nef inférieure d’une ou de deux travées, s’inscrit sans doute dans le programme de reconstruction du pont en dur réalisé à partir de 1234-1237, date compatible avec le style des colonnettes et des ogives. Si le nouveau tablier dut désormais passer au-dessus de la nouvelle nef inférieure à hauteur du sol de la chapelle haute, sous un porche voûté dont il subsiste l’arrachement, l’étroitesse du cheminement actuel suggère que le pont fut une nouvelle fois reconstruit après cette date, car axé sur le châtelet de défense construite en 1348, sans compter l’ajout d’une abside supérieure en 1513, et les nombreuses vicissitudes ultérieures consécutives dont les arches furent victimes suite à l’activité destructive du fleuve et de l’homme.

Le programme de 2012 porte plus particulièrement sur l’achèvement et la vérification des relevés pierre-à-pierre et des stratigraphies murales, sur l’information archéologique des scans 3D réalisés à partir de mars 2012, et sur l’interprétation, souvent ardue dans le détail, des nombreuses sources iconographiques sélectionnées en fonction de leur pertinence pour la restitution numérique.