Haute-vallée de la Byaisse : habitat rural et exploitations liées

Cette mission est pilotée par le LA3M.

2019 → 2021

Localisation

, France.

Effectif du LA3M engagé

Direction : Roxanne Cesarini

Responsables d'études : Guergana Guionova

Présentation

L’étude de l’occupation médiévale de la vallée de la Biaysse a lieu dans le cadre d’une thèse de doctorat menée par Roxanne Cesarini. Cette étude est motivée par le besoin des scientifiques s’intéressant au monde paysan de comprendre les dynamiques d’occupation de la montagne sur le temps long. La Haute-Durance, en particulier la commune de Freissinières, se prête à une telle étude puisque l’anthropisation de ce territoire intéresse de nombreux scientifiques depuis la fin des années 90.

La convergence des recherches archéologiques et paléoenvironnementales a mis en évidence une occupation de la vallée de la Biaysse sur la très longue durée. Bien sûr, les occupations anthropiques sont discontinues et ne revêtent pas les mêmes formes en fonction de l’environnement, de la période d’occupation et de l’activité humaine. Au cours du Moyen Âge et de la première modernité, ce sont les ressources en bois, en herbe et en minerai qui intéressent principalement les êtres humains. L’habitat lié à ces exploitations est difficile à identifier. En effet, entre les années 900 et 1500, l’occupation anthropique se matérialise par de nombreuses structures d’habitat de morphologies variées et par l’exploitation de plusieurs petits gîtes polymétalliques. Les secteurs d’exploitation agropastorale et minière se superposent ce qui crée un problème d’interprétation de la fonction des structures. Si les grands enclos destinées aux animaux sont facilement reconnaissables par leur morphologie, ce n’est pas le cas des structures plus petites. Souvent définies comme étant des unités d’habitation temporaire, ces structures, dénommées « cabanes » dans la littérature scientifique, peuvent avoir été occupées voire réoccupées pour différents usages Il est même parfois difficile de les différencier des petits enclos réservés à l’élevage. Il est aussi complexe de leur attribuer une ou plusieurs périodes d’occupation à l’échelle de la prospection car ces structures contiennent peu de mobilier. La datation des occupations se fait essentiellement à partir des charbons de bois contenus dans des foyers ou dans des niveaux incendiés.

À l’échelle de la prospection, deux problèmes majeurs sont ainsi rencontrés par les archéologues qui étudient l’occupation des alpages : un problème d’identification de la période d’occupation et un problème de définition de la fonction des structures. Ces difficultés sont communes aux autres massifs montagneux. Pour pallier au problème d’identification de l’habitat rural en montagne, posé à la fois par la morphologie des structures, par l’absence d’élément datant et par l’absence de sources écrites complémentaires, les archéologues cherchent ici à proposer une approche nouvelle à l’étude de l’occupation de la vallée de la Biaysse : l’étude élémentaire des sols archéologiques. Cette étude est menée dans le cadre de la thèse de doctorat d’Arthur Laenger (Le Mans Université, CReAAH, UMR 6566). Les analyses géochimiques des sols sont ici considérées comme un moyen de définir la fonction des sites archéologiques autrement que par leur aspect morphologique.

Deux sites présentant les caractéristiques d’un habitat et se trouvant sur un secteur exploité au cours du Moyen Âge ont été sélectionnés pour tester cette méthode expérimentale. Il s’agit des sites archéologiques du Pré Gauthier et de Chichin I. Le Pré Gauthier est implanté à 1700 mètres d’altitude, à proximité du hameau actuel de Dormillouse. Il se matérialise par la concentration de grands bâtiments quadrangulaires et de différents murs délimitant probablement des espaces cultivés. Chichin I se trouve en amont d’un verrou glaciaire, à 2000 mètres d’altitude. Il rassemble aussi plusieurs structures majoritairement quadrangulaires ressemblant aux cabanes citées plus haut.

La sélection des sites a été faite à la suite d’une première campagne de prospection au cours de l’été 2019. Le bâti du Pré Gauthier et de Chichin I a ensuite été étudié lors d’une seconde campagne de prospection en 2020. À cette étude du bâti a été ajoutée une étude de la composition géochimique des sols. Les résultats de ces deux études ont déterminé l’implantation de sondages archéologiques pour dater l’occupation des bâtiments étudiés et en affiner la lecture géochimique. Cette opération a eu lieu durant l’été et l’automne 2021. La synthèse des résultats de ces opérations sera prochainement publiée.

Pré Gauthier vu du sud-ouest, les toits de Dormillouse au dernier plan (Cl. R. Cesarini)
Fouille en cours de la structure « CHI.I 22 » vue depuis l’ouest (Cl. R. Cesarini)