Un vaste programme d’étude sur les maisons du Toulon médiéval et moderne se construit autour de l’analyse archéologique en cours d’une trentaine de maisons du centre ville de Toulon (Ilot Baudin, Fouilles Inrap sous la responsabilité de Nathalie Molina).
La plupart des immeubles étudiés ont été fortement restructurés aux XVIIIe
et XIXe siècles mais tous conservent des traces de leur organisation médiévale.
Des éléments architecturaux inédits ont été mis au jour (murs médiévaux conservés
sur deux niveaux, arcs diaphragmes, baies, éléments de façades).
Les constructions actuelles sont le résultat d’une densification du bâti à
la fin du Moyen Age qui a largement modifié le réseau viaire et fait disparaitre
la plupart des espaces ouverts privés ou publics antérieurs.
Une des maisons a fait l’objet d’attentions particulières. La présence d’un
plafond « à la française » portant un décor peint a été identifié sous
le plafond suspendu du XVIIIe siècle et a motivé un dégagement quasi complet des
murs et plafonds du 1er étage et de larges sondages au 2eme étage. Ces analyses
ont permis de caractériser une vaste demeure médiévale portant des enduits muraux
peints (faux-appareil et éléments végétaux). Une transformation importante de
l’immeuble, sans doute au cours du XVIe siècle, a entrainé une modification des
niveaux et la construction de plafonds « la française » sur deux étages,
plusieurs fois remaniés jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Tous les décors peints
sur les plafonds comme sur les murs ont été expertisés par Pascal Maritaux (LA3M).
Des enduits de plâtre liés à ces plafonds portaient aussi de nombreux graffiti
(bateaux, soldat, chevaux, oiseaux…) qui ont fait l’objet d’un relevé soigné par
l’association GraF&MER (Cécile Salaün et Philippe Rigaud). En 1768, une campagne
d’alignement de façade côté rue Baudin a occasionné une nouvelle organisation
interne. C’est aussi à cette époque que la maison bourgeoise devenue immeuble
de rapport s’est agrandie grâce à l’édification de trois nouveaux étages.
L’opération archéologique s’est terminée par la dépose des enduits muraux médiévaux,
d’une partie des enduits à graffiti et de certains des plafonds « à la française ».
Quelques fragments de papiers peints des XVIIIe et XIXe siècles ont aussi été
prélevés et restaurés par Pascal Maritaux.
Après démolition d’une partie du quartier, la fouille des sols (fin 2012 et
début 2013) apportera quelques éléments de datation pour les périodes médiévales
et permettra de replacer le quartier dans une plus large perspective historique,
les sondages ayant d’ors et déjà mis en évidence l’existence de vestiges d’une
nécropole antique.
Cette étude du quartier Baudin se poursuivra par des expertises dans divers autres quartiers de la ville dont la restauration est programmée, par le recollement d’informations recueillies dans le cadre d’opérations archéologiques plus anciennes et par des études d’archives d’ors et déjà entamées.
Les premiers résultats de la recherche trouveront place en 2013 dans la publication des registres de l'enquête générale de Leopardo da Foligno (1331-1333) pour le sud-ouest varois dirigée par Thierry Pécout (TELEMME).
T. Navarro (Inrap), Pascal Maritaux (LA3M), Frédéric Guibal (Imbe), Cécile Salaün et Philippe Rigaud (association GraF&MER), CICRP et Sébastien Aze (analyses des matériaux), Gérard Emond (restaurateur de peintures murales)
Archéologie, Archéologie du bâti, archéologie monumentale, Toulon