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Le site de Saint-Pierre est connu depuis la découverte fortuite par le propriétaire d'un ensemble de sépultures rupestres au cours de l'année 2004. Une campagne de fouille préventive s'est déroulée du 18 juillet au 26 août 2011. Elle a porté sur un secteur d'environ 150 m², correspondant à l'emprise des travaux de terrassement prévus par le propriétaire du terrain. Un diagnostic réalisé par l'INRAP au début de l'année 2011 avait permis de mettre en évidence la présence d'une importante nécropole et d'un édifice interprété comme une église. D'après les premières observations réalisées lors de la fouille, cet édifice, installé sur une nécropole préexistante, ne serait pas antérieur au début du IXe siècle. L'édifice présente un plan rectangulaire, dans lequel ont été identifiés le mur gouttereau sud et le pignon occidental conservé sous la forme d'une tranchée de récupération. Aucune maçonnerie n'est apparue au chevet, mais la disposition rayonnante de plusieurs sépultures dessine en négatif une abside semi-circulaire sans épaulement. Un mur postérieur, orienté nord-sud a été installé dans une seconde phase de construction contre le gouttereau sud, au droit de la façade occidentale, sans doute afin d'aménager un espace annexe à l'église.
Les sépultures se répartissent de part et d'autre de l'édifice et à l'intérieur
de celui-ci. Au total 60 structures funéraires ont été fouillées et 55 individus
ont été retrouvés en place. La partie occidentale de la nécropole présente
une organisation cohérente dans laquelle les tombes respectent un alignement
en rangées parallèles selon un axe est-ouest, tête à l'ouest. Les recoupements
entre sépultures indiquent plusieurs phases d'utilisation de la nécropole.
Les datations au radiocarbone indiquent une durée d'occupation minimale comprise
entre le début du VIIIe et la fin du Xe siècle. La découverte d'une tombe largement
postérieure, datée du XVe ou du XVIe siècle suggèrent que les inhumations se
sont poursuivies au cours du bas Moyen Âge et de la période moderne. Les tombes
présentent une typologie variée dans laquelle dominent les sépultures rupestre
anthropomorphes à logette céphalique, parfois dotées d'un coffrage latérale
ou d'une couverture de moellons. On note également la présence d'une sépulture
sous bâtière de lauze dans la nef de l'église, de tombes en pleine terre et
de sépultures en coffrage de moellons ou de lauzes. Le recrutement de la nécropole
est assez diversifié avec 23 adultes de tous âges (14 hommes, 9 femmes) et
32 immatures tous âges confondus (parmi lesquels 1 fœtus et 5 périnatals) ;
ces derniers sont particulièrement concentrés au chevet de l'église. Au-delà
des questions de typo-chronologie des tombes et des modes d'inhumation, la
présence d'un édifice religieux associé à la nécropole pose la question du
statut de cette église et des liens qu'elle a pu entretenir avec le prieuré
de Carluc, distant d'à peine 1 km. En effet, le vocable primitif de Carluc,
placé sous le patronage de Saint-Pierre dans une charte de donation du début
du XIe siècle, et l'absence de vestiges datés de cette période à l'emplacement
actuel du prieuré, interrogent sur la possible analogie entre le site de
Saint-Pierre et le lieu d'implantation primitif du monastère.
Mathias DUPUIS , Elise HENRION , Elisa BAILLY , Yann DEDONDER , Jean-François DEVOS
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