La domination territoriale, loin d’être un objet abstrait abordable seulement par les sources théoriques de l’histoire politique, est abordée à la fois dans son élaboration concrète et dans ses manifestations matérielles. L’archéologie des pouvoirs passe ainsi par une analyse archéologique des sources écrites présidant à la maîtrise et à la gestion d’un espace politique et juridictionnel, ainsi qu’à sa mise en valeur et sa conformation quotidiennes par les populations. Les documents d’archives permettant la maîtrise territoriale (estimes, cadastres, enquêtes générales) traduisent les techniques de prise de possession de l’espace et en sont un instrument efficace. Plusieurs thématiques sont abordées dans ce contexte :
Les méthodes d’analyse archéologique des documents administratifs permettent de comprendre les fonctionnements des appareils de gouvernement qui président à leur élaboration. La fabrique documentaire et la conservation des archives sont ainsi replacées au cœur des questionnements scientifiques, comme des révélateurs de l’évolution des systèmes de gouvernement.
Un axe particulier de recherche consiste en une étude systématique et collective des papiers médiévaux conservés dans les archives provençales, visant à une approche technique de leur fabrication et de leur diffusion, mais également à l’élaboration d’un catalogue des papiers et filigranes. Cette étude monographique n’a jamais été réalisée, alors que les archives provençales conservent des exemplaires parmi les plus anciens.
Voir aussi : Leopardus, ANR Gouvaren.
La genèse de l’identité territoriale est abordée selon deux axes. La construction de l’identité et de la mémoire du territoire est abordée à partir de l’étude des sources du haut Moyen Âge, dans le cadre du projet européen Francia Media.
Les territoires de marge, notamment les marges alpines de la Provence, successivement convoités, dominés et parfois intégrés ou perdus, constitue un autre observatoire.
La maîtrise et la gestion des territoires passent par la mise en œuvre de techniques particulières, administratives et fiscales. L’étude comparative des enquêtes, estimes et cadastres provençaux et italiens de la fin du Moyen Âge est au cœur de cette approche de la documentation et des formes de domination matérielle de l’espace. Par cette analyse, il s’agit de comprendre comment ces pratiques participent à l’élaboration d’un « bon gouvernement », et contribuent à la genèse des services publics. Cet axe de recherche se rattache au programme de recherche transversal de la MMSH Transpume, coordonné par Ghislaine Gallenga (IDEMEC). Nous traitons particulièrement la question de la normalisation des pratiques visant à la maîtrise de l’espace et des territoires (frontières, mobilités, fiscalité, entretien des espaces communs).
Voir aussi : Formation : Master Histoire et Humanités, Spécialités « Civilisations méditerranéennes antiques et médiévales » et « Métiers des archives, des bibliothèques, de la documentation sonore et audiovisuelle »
Provence, Italie, période médiévale, Angevins, Carolingiens, Francia Media, pouvoir, territoire, fiscalité, enquête, cadastre, estimes, archives