Publication donnant suite au colloque d'histoire de l'architecture du Centre d'Études Supérieures de la Renaissance (Tours), du 4-6 juin 2002, à Tours
Quatre-vingts ans après la révolution du boulet métallique, qui permet subitement
à l’artillerie de superposer les coups au but pour faire brèche dans la muraille, se diffuse en Europe une fortification fondée sur des principes radicalement
nouveaux : le système bastionné. Celui-ci combine au sein d’un ouvrage unique – le bastion – un tracé pentagonal, permettant le flanquement réciproque sans angle mort
d’un bastion à l’autre, et un profil remparé, dans lequel le mur d’escarpe est associé à un épais matelas de terre, seul capable d’absorber les coups de l’ennemi et les vibrations de l’artillerie déployée sur sa plate-forme. La symétrie comme la nécessité de maintenir des distances équivalentes d’un bastion à l’autre vont contribuer à façonner l’image stellaire de la ville idéale de la Renaissance.
La genèse du bastion divise les historiens en deux camps. D’un côté, ceux qu’a
convaincus John Hale en 1965 de l’origine italienne du bastion ; le système bastionné
serait ainsi une création purement italienne, à laquelle les autres États occidentaux
(France et empire de Charles Quint en tête) se seraient ultérieurement convertis, via le
recrutement d’ingénieurs italiens. De l’autre côté, nous rencontrons des historiens des
formes qui, chacun pour leur zone, relèvent des expérimentations inscrites dans leur
tradition nationale et convergeant vers le bastion ; ils proposent donc de voir dans le
système bastionné une synthèse de recherches croisées s’influençant réciproquement.
Ce travail collectif et européen permet la confrontation de tous les points de vue.
[Source : 4ème de couverture]